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Témoignages

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Les herbes du lac

Fines herbes

 

Les arômes d’une réussite

Une centre jardin. Une entreprise d’aménagement paysager. Une fleuristerie. Une firme de gestion immobilière. Rébéca Rouleau et son associé, Martin Harvey, possèdent un panier d’entreprises bien garni. Ils en ont même créé une cinquième, en 2012, qui se spécialise dans la production et la vente de fines herbes. «Nous voulions nous diversifier encore plus et on avait envie d’aller du côté de l’alimentaire», raconte Rébéca. Leur projet ne manquait pas d’audace. Basée à Saint-Gédéon, au Lac-Saint-Jean, Les Herbes du Lac offre une gamme de produits unique dans la région : des fines herbes produites en culture sub-irriguée et vendues en pot.

Sub-irriguée?... Concurrence oblige, Rébéca préfère se montrer discrète sur cette technologie d’origine européenne. Elle se limite à indiquer que la culture sub-irriguée marie l’hydroponie et la culture sur substrat. «L’intérêt de cette technologie, souligne-t-elle, c’est qu’elle produit des plants qui possèdent une longévité supérieure.»

Grâce à cet atout et en l’absence de produits comparables dans la région, les ventes des Herbes du Lac ont décollé en flèche. Si bien que l’entreprise écoule maintenant 65 000 plants par année. «C’est fou comme on a été bien accueillis», se réjouit la détentrice d’une formation en économie et gestion agroalimentaire de l’Université Laval.

Le basilic accapare à lui seul 70 % des 6 000 pieds carrés de serre des Herbes du Lac. La portion restante se partage entre diverses herbes fines comme le thym, la coriandre, la menthe et le romarin. «La demande est axée fortement sur le basilic, commente la promotrice, ajoutant que les volumes de production sont constamment ajustés à la demande.» La serre demeure en production dix mois par année. «On arrête au cœur de l’hiver parce que le basilic n’aime pas le froid, explique-t-elle. En outre, la demande pour les produits de ce type diminue pendant cette période-là.»

On ne rendrait pas justice à ces entrepreneurs si l’on attribuait leur succès seulement à leur technologie. Logos, emballages, promotion : chaque aspect de la mise sur pied de l’entreprise a été préparé avec soin. «On avait très bien planifié le projet et tout s’est emboîté, rapporte Rébéca. Incluant l’étape cruciale de l’entrée des fines herbes dans les grandes surfaces de la région. Celle-ci a été facilitée par le fait que notre centre jardin y était déjà listé. Ils nous connaissaient bien et nous bénéficions de leur confiance.»

L’implication du FIRA dans ce projet a pris la forme d’un prêt de mise de fonds. «Aux yeux de La Financière agricole, le niveau de risque du projet était assez élevé, perçoit Rébéca. Cela peut se comprendre : on est dans dans la production en serre, un domaine traditionnellement assez risqué. De plus, on lançait une nouvelle gamme de produits en misant sur une nouvelle technologie. L’implication du FIRA dans le projet a permis à La Financière d’abaisser son niveau de risque.»

Le marché des Herbes du Lac déborde maintenant du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Profitant de la disponibilité de transporteurs, ses propriétaires l’ont élargi à la région de Charlevoix de même qu’à La Tuque, Chibougamau et même Québec. «L’entreprise a franchi le cap de la rentabilité très rapidement», affirme Rébéca, qui croit qu’elle pourrait probablement continuer de prendre de l’expansion. Mais ce n’est pas nécessairement la direction que prendront les deux associés. La productrice souhaite maintenir un certain équilibre de vie. «J’aimerais pouvoir prendre huit semaines de vacances par année afin d’assouvir ma passion du voyage, exprime-t-elle. Je recueille beaucoup d’idées quand je voyage.»

Les priorités de l’entreprise au cours des prochaines années se détermineront l’automne prochain. Les deux associés projettent en effet d’y renouveler leur planification stratégique. «On aime se donner un cadre de fonctionnement», indique Rébéca.

 

Par André Piette

* L’auteur est journaliste indépendant.

Bâtir par étapes
Giroly
 
 
 
Bâtir par étapes
 

Les choses ont commencé tout doucement pour la Ferme Giroly. En 2012, Daniel et Patrice Girard ont loué 30 acres qu’ils ont semé en sarrasin. Les deux frères voulaient se faire la main à la culture bio.

Cette année, ils ont décidé de passer en deuxième vitesse et ils ont porté leurs superficies en culture à 280 acres. Ils se sont établis sur une ancienne ferme laitière, dont ils ont acquis en propre la machinerie et les équipements. Le FIRA est venu les épauler en achetant le fonds de terre et les bâtiments en formule location-achat. Les promoteurs exploitent ceux-ci dans le cadre d’un bail de 15 ans, en vertu de les conditions habituelles du FIRA (détails ici).

En cours de route, le projet est devenu l’affaire de deux couples, car leurs conjointes respectives, Marilyne Ouellet et Lysa Imbeault, se sont jointes à eux. La transaction s’est conclue en juin dernier, juste à temps pour mettre en terre avoine et grains mélangés dans les 30 acres d’origine, et orge et sarrasin dans les 250 acres nouvellement acquis. La parcelle de départ, dont une petite partie est consacrée aussi aux légumes (oignons, patates et maïs sucré), est évidemment certifiée bio. Par contre, les 250 acres additionnels se trouvent au début du processus de conversion vers le biologique. Les récoltes iront approvisionner, selon le cas, des éleveurs locaux ou des meuneries.

Il a fallu une année complète aux quatre promoteurs pour boucler l’acquisition de la ferme. «Le plus grand défi que nous ayons affronté, ce fut de convaincre nos interlocuteurs que notre projet pouvait marcher, confie Patrice. On s’est fait dire plusieurs fois que c’était impossible.»

Comme c’est souvent le cas dans ce genre de projet, constituer une mise de fonds représentait le plus grand défi. «On n’avait pas 100 000 dollars d’économies à mettre dans le projet, déclare Daniel. On est jeunes tous les quatre et on a des enfants.» D’ajouter ce dernier : «L’implication du FIRA dans le projet nous procure une marge de manœuvre financière pour les premières années».

Leur projet comporte aussi des défis techniques typiques des cultures bio, notamment en matière de désherbage et de fertilisation. «On n’a pas d’élevage pour nous fournir du fumier, rappelle Marilyne. Alors, on doit acheter du fumier de poulet.»

L’expérience acquise sur les 30 acres initiaux s’avère précieuse. «On est contents d’avoir fait nos erreurs à ce moment-là», lance Daniel. Les promoteurs bénéficient aussi des conseils de la solide communauté de producteurs bio qui se trouve dans leur secteur. Enfin, ils multiplient les essais au champ. «Dans le bio, t’as quasiment pas le choix de faire tout le temps des essais», considère Marilyne. Ainsi, ils ont semé un mélange de mil et de trèfle rouge en intercalaire dans leur sarrasin dans le but d’établir une prairie pour l’année prochaine.

Les quatre associés ont élaboré une vision à long terme du développement de leur entreprise. L’achat de la ferme et l’expansion des cultures constituent seulement une première étape. Ils souhaitent louer des superficies supplémentaires dès que l’opportunité se présentera. De plus, Lysa et Marilyne échafaudent des projets d’élevage de chèvres et d’alpagas qui viendront se greffer à l’entreprise et valoriseront les bâtiments de la ferme ainsi qu’une partie des récoltes.

 

Par André Piette

* L’auteur est journaliste indépendant.

Cidrerie Le Somnambule

Cidrerie

 
 
 
Une cidrerie en effervescence - Le Somnambule
 

C’est parfois par un curieux cheminement que les gens s’établissent en agriculture. Son diplôme de chimiste en poche, Émile Robert n’était guère attiré par le type d’emploi qui s’offrait à lui. En revanche, les boissons alcoolisées artisanales intéressaient autant l’amateur en lui que le chimiste. Il a donc entrepris un doctorat sur les arômes du cidre.

Un bon matin, sa conjointe et lui ont eu l’idée d’aller voir sur internet s’il n’y avait pas une cidrerie à vendre autour de Québec. « On en doutait fortement, se rappelle-t-il. Or, il y en avait justement une tout près, à Saint-Henri-de-Lévis. »

« Quand on a vu son prix de vente, poursuit-il, on s’est tout de suite dit que c’était une espèce de rêve impossible. Mais on est allés quand même la visiter. » La cidrerie en question, la Casa Breton, comporte pas moins de 4 000 pommiers, 1,5 hectare de vignes, 1,5 hectare de bleuets en autocueillette, des installations de transformation et même une salle de réception. Un an plus tard, en juin 2016, ils signaient l’acte d’achat! « C’est seulement une fois rendu chez la notaire que le vendeur a compris qu’on était sérieux », se rappelle le nouveau copropriétaire.

Sa conjointe, Ève Larouche-Laliberté, a décidé de laisser son emploi et de s’associer à lui : « On a vite compris que pour réussir ce projet, il fallait être deux. » Elle souligne que pour pouvoir réaliser son “rêve impossible”, le couple a profité d’un appui très solide du milieu : organismes de développement, incubateur d’entreprises, etc. “Il s’est toujours présenté sur notre chemin la bonne personne qui nous a aidés à faire un bout de plus”, lance Ève.

Au plan financier, l’appui du FIRA sous la forme d’un prêt de mise de fonds s’est avéré déterminant. “C’est vraiment ça qui nous a donné le gros coup de main, estime Émile. C’est sûr que ce n’est pas le plus gros montant qu’on nous a prêté, mais le fait que ce prêt serve de mise de fonds a vraiment changé la donne. Sinon, on n’aurait pas disposé de cet argent-là. On en possédait un peu au départ et on a reçu quelques contributions familiales très appréciées, mais ça n’aurait pas suffi.”

Dès le départ, il est apparu clair aux nouveaux propriétaires que la priorité devait aller à l’accroissement des ventes. C’est sur ses cidres en particulier qu’il compte pour y arriver. D’où leur deuxième raison sociale : Cidrerie Le Somnambule. “Au Québec, il va se produire dans le secteur du cidre un essor semblable à celui qu’a connu la bière de microbrasserie, lance Émile d’un ton confiant. Nous, on veut fabriquer des cidres artisanaux qui ont du caractère à la manière des cidres fermiers bretons ou des cidres secs espagnols un peu acétiques.”

Déjà, ils ont entrepris d’élargir la gamme de types et de formats de cidre (ils en ont huit à l’heure actuelle, tranquilles tout comme effervescents, auxquels s’ajoutent un vin rouge et un porto de bleuets). Et ils ont pris la route pour en faire activement la promotion. “Cet hiver, on a fait la tournée des bars à Montréal, Québec et Trois Rivières, raconte Ève. La clientèle qu’on a trouvée là, ce sont surtout des jeunes de 18 à 35 ans qui aiment les bières de microbrasserie et qui recherchent toujours de la nouveauté.”

“On a aussi commencé à développer une clientèle qu’on ne s’attendait pas à avoir tout de suite, celle des grands restaurants montréalais, enchaîne son conjoint. On a lancé Le Sauvage au Mondial des cidres et le critique de vin de The Gazette a eu un coup de cœur. Grâce à lui, on est rentré au Vin Papillon, un bar à vin qui fait partie de la famille Joe Beef. En quelques semaines, il nous a pris toutes les caisses qu’on pouvait lui fournir!”

Le couple n’entend pas négliger pour autant la clientèle traditionnelle de la Casa Breton, qui vient cueillir des fruits ou faire ses emplettes à la boutique. “On est content de voir que la clientèle de Bellechasse demeure au rendez-vous”, confie celle qui assume l’administration, la tenue de la boutique, les relations avec la clientèle et la promotion par les réseaux sociaux.

À propos de médias sociaux, Ève souligne qu’ils ont un gros impact sur la visibilité de leurs produits et de leur entreprise. “En particulier Instagram, précise-t-elle. Tu y développes un réseau que tu n’aurais pas nécessairement sur Facebook. Ça se promène beaucoup plus. C’est comme une roue qui tourne.”

 

Rédaction et photos par André Piette

Culture D'ard

Culture d'art

 

Sur les chapeaux de roues

S’établir en agriculture constitue en soi un énorme défi. Mélanie Roy et Samuel Rémillard l’ont fait en s’engageant dans trois exploitations en même temps! Samuel s’est joint à ses parents sur la ferme orientée vers le poulet, les grandes cultures et le bœuf. De son côté, Mélanie a entrepris un transfert non apparenté avec un producteur laitier. Et puis, Samuel et Mélanie ont uni leurs forces pour créer une entreprise de grandes cultures, baptisée « Culture D’ard ».

Au premier abord, l’approche surprend et peut même dérouter. Elle s’appuie toutefois sur une habile stratégie. D’accord, que Samuel prenne la relève sur la ferme J.P. Rémillard allait de soi. Et que Mélanie veuille s’établir en production laitière aussi, car elle est fille de producteurs de lait. Mais difficile de prendre la relève sur la ferme de ses parents quand la ferme de son amoureux se trouve à plusieurs dizaines de kilomètres de lá! D’où l’idée du transfert non apparenté, qui se fait avec un producteur dont la ferme est voisine de celle de la famille Rémillard. Les deux partenaires ont pris une entente en vertu de laquelle ils se partagent la propriété du troupeau et du quota pour cinq ans. Au terme de cette période, en 2018, Mélanie rachètera les parts de son partenaire.

Aussitôt réunis, les deux associés ont entrepris de prendre de l’expansion, si bien qu’après trois ans, les 32 kilos de quota du départ ont grimpé à 65. Pour pouvoir loger tous ces animaux, Samuel, qui est devenu entretemps actionnaire majoritaire de la Ferme J.P. Rémillard, a construit une étable à logettes dans laquelle Mélanie et son associé ont transféré leur troupeau laitier.

La nouvelle étable visait aussi à améliorer la rentabilité de l’élevage grâce à des conditions de logement et de travail optimales. L’objectif a été atteint. «Le bâtiment se paie rien qu’avec les économies sur les coûts d’alimentation», constate un Samuel plus que satisfait.

Qui dit expansion de troupeau dit besoins supplémentaires en fourrages et en grains. C’est ici qu’apparaît le rôle de Culture D’Ard, la ferme de grandes cultures copropriété de Mélanie et Samuel. C’est ici aussi que le FIRA est venu soutenir les projets du couple. Le Fonds a acquis 287 acres de terres dont 110 en culture, qu’il loue à Culture D’ard dans le cadre d’un contrat location-achat. «La formule de location-achat fait beaucoup notre affaire, explique Mélanie, parce qu’elle nous permet d’investir en priorité dans ce qui est le plus susceptible de générer des revenus rapidement, par exemple dans le quota. C’est un levier pour nous.»

«On se sent comme chez nous même si on est locataire, poursuit la productrice de 25 ans. On a signé avec le FIRA un contrat qui nous sécurise pour 15 ans. Dans ces conditions, on n’a pas eu peur d’investir dans le drainage, l’érochage et le nivellement pour améliorer la productivité de la terre.»

L’arrivée tout récente d’un troisième membre dans la famille, le petit Anthony, ne semble pas ralentir Mélanie et Samuel. Ceux-ci viennent d’amorcer un virage vers le lait biologique. «Le marché est bon, explique Mélanie, mais c’est aussi parce qu’on aime la philosophie de l’approche biologique, qui vise à prévenir les problèmes plutôt que d’utiliser des plasters.»

En parallèle, le couple poursuit l’expansion du troupeau laitier en ayant à l’œil les terres du voisinage susceptibles de se libérer. «Il y aura un potentiel d’affaires formidable en agriculture au cours des prochaines années, lance Samuel. Beaucoup de producteurs approchent de la retraite et n’ont pas de relève. C’est sûr que l’agriculture est un domaine où l’on fonctionne avec un gros endettement, mais ça permet au fil des ans de se bâtir une capitalisation importante. Je ne connais pas d’autres secteurs aussi intéressants sur ce plan.»

 
Rédaction et photos par André Piette
Petite ferme deviendra grande

James Thompson

 

« Avec le FIRA, c’est comme si tu étais propriétaire. » 

James Thompson et sa conjointe, Geneviève Grossenbacher, exploitent une terre à Lochaber-Partie-Ouest (près de Thurso), dans l’Outaouais.

Leur entreprise, joliment appelée Notre petite ferme, produit des légumes biologiques. En 2015, ayant enfin trouvé une terre adéquate pour s’établir de façon permanente, ils ont fait appel au soutien du FIRA, qui a acquis celle-ci pour ensuite leur louer. C’est la formule dite de location-achat, l’une des solutions d’accès à la propriété pour la relève agricole.

« On avait aussi envisagé une location privée, relate le producteur de 37 ans, mais ça nous inquiétait de laisser notre sort au bon vouloir d’un propriétaire. Avec le FIRA, on dispose d’un bail de 15 ans incassable. Pour nous, cela offre une sécurité très importante pour développer notre entreprise. »

« Quant à l’autre option qui aurait consisté à acheter la terre actuelle, poursuit-il, ça aurait peut-être été faisable au plan financier, mais notre situation financière aurait été tellement serrée qu’on n’aurait eu aucune qualité de vie pendant des années. »

Il reste que démarrer une entreprise agricole coûte cher, même quand il n’est pas nécessaire de contracter une hypothèque. James calcule qu’ils ont dû investir, depuis 2015, près de 140 000 dollars dans les différents actifs de production et de conditionnement : serre, tracteurs, tunnels, réfrigérateur, camion, etc.

Avant de s’établir à Lochaber-Partie-Ouest, James et Geneviève avaient exploité une ferme maraîchère sur la Plate-forme agricole de L’Ange-Gardien. Située dans la même région, celle-ci soutient le démarrage d’entreprises en leur réservant l’usage de 2,5 acres de terre pendant cinq ans. Ils ont pu ainsi renforcer leur expertise technique et développer un marché pour leurs légumes.

Comptant sur une employée à l’année et deux employés saisonniers, Notre petite ferme produit une trentaine de légumes de champ ainsi que des tomates et des poivrons en tunnel et en serre. James consacre tout son temps à la ferme alors que Geneviève conserve un emploi extérieur tout en se chargeant du site web de la ferme et des communications avec la clientèle.

La mise en marché repose en majeure partie sur la distribution de paniers, au nombre de 185 cette année. Rattachée au réseau Équiterre, l’entreprise gère neuf points de chute situés majoritairement à Ottawa et Gatineau. « La vente en paniers, c’est comme vendre en vrac à des prix de détail, commente James. C’est une mise en marché très efficace. En plus, les clients paient en début de saison. »

La première année d’exploitation au niveau site s’est traduite par des ventes de quelque 100 000 dollars. La seconde, qui débutera la saison prochaine, s’annonce supérieure. « On devrait avoir 30 pourcent d’augmentation », prévoit James, qui trouve formidable de réaliser un tel volume de production sur à peine trois acres en culture.

D’autres défis attendent le couple, car il souhaite accroître sa production. « D’ici cinq ans, on aimerait que nos ventes atteignent 250 000 dollars, confie le producteur. Cela permettra de mieux absorber les frais fixes, qui atteignent 40 000 dollars par an. »

Des superficies se trouvent donc en préparation en vue d’une mise en culture en 2018. Ils entendent aussi accroître graduellement la superficie en serre et délaisser les tunnels. Tunnels que le producteur n’affectionne pas particulièrement. « Ils sont trop froids quand on a besoin de chaleur et trop chauds en été, clame-t-il. Sans compter qu’ils sont coûteux à installer et à désinstaller et dans une serre, on génère des ventes dix fois supérieures à celles en champ pour une superficie équivalente. »

« J’ai appris à administrer », déclare le producteur quand on lui demande ce qu’il retient du chemin parcouru. Il se dit un adepte des systèmes et pas seulement au niveau de la production. « L’entretien mécanique est détaillé et planifié par écrit, illustre-t-il. Même chose pour ce qui est de l’accueil d’un nouvel employé : santé et sécurité, formation, mesures d’hygiène, etc. Le réfrigérateur, la serre, le système de traitement ultraviolet disposent d’un système d’alarme relié à mon cellulaire. Sans système, poursuit-il, comment peut-on enseigner quoi faire à un employé ? Tout ne peut pas se trouver dans la tête du patron ! »

« En fait, l’agriculture devrait être plate, lance-t-il à la blague. S’il y a trop de surprises, c’est que tu ne fais pas ce que tu devrais faire… et que ton système peut être amélioré! »

 
Rédaction par André Piette
Photo de gauche par James Thompson et Geneviève Grossenbacher, au centre et à droite par André Piette
Produits Mont-Blanc - Yohan Perreault

Yohann Perreault

 
Produits Mont-Blanc - Yohan Perreault 

 

On est en territoire exotique! Sur 500 acres, il cultive du chou Nappa, du radis asiatique, du chou plat et de la courge Kaboucha. S’ajoutent la carotte et le maïs-grain, qui sont là pour maintenir une saine rotation de cultures. 

M. Perreault est à la tête d’une entreprise qui a le vent dans les voiles. Celle-ci a réalisé l’an dernier des ventes de 1,4 million $, ventes effectuées principalement dans le Chinatown… de New York de même qu’en Floride et au New Jersey. Une mince tranche de 10 % des produits aboutit dans le Chinatown… de Montréal! « Presque tous les légumes asiatiques aboutissent dans un chinatown, finalement », résume le producteur de 39 ans.

Une production à une telle échelle a exigé, bien sûr, des investissements costauds. Terres, bâtiments, machinerie et véhicules cumulent une valeur de 3,5 millions $. Une équipe costaude, aussi : au pic de la saison, la ferme emploie 22 personnes.

À deux occasions, le producteur a fait appel au FIRA pour développer son entreprise. La première fois, en 2011, c’était pour pouvoir acquérir la ferme qu’il exploitait jusqu’alors en location. « La location constituait un risque sérieux, explique-t-il. Si, par exemple, le propriétaire décédait, la succession n’était pas liée, au plan légal, par le contrat de location et je pouvais me retrouver devant rien. » 

L’achat de la ferme lui permettait de résoudre un second problème. « Nous avions besoin d’entrepôt réfrigérés, explique-t-il. Mais les institutions n’acceptaient pas de les financer à cause de mon statut de locataire. »

Le FIRA lui a consenti un prêt subordonné de 250 000 $, en complément d’un prêt garanti accordé par La Financière agricole du Québec. L’achat de la ferme et l’ajout d’entrepôts réfrigérés ont commandé une facture de 1,4 million $. 

En 2015, l’entrepreneur a un nouveau projet en tête : acquérir une terre de 110 acres au coût de 1,3 million $. Cette fois-ci, il fait appel à la location-achat du FIRA. « J’aurais peut-être pu l’acheter directement, déclare-t-il, mais ça aurait mis l’entreprise à la limite de sa capacité de remboursement. Nous n’aurions plus eu aucune marge pour saisir une opportunité ou pour traverser une mauvaise passe. Dans quelques années, quand nous aurons fini de rembourser certains prêts, on sera mieux placé pour investir. »

Le producteur constate que les deux financements du FIRA ont été déterminants dans le développement de la ferme. « Je ne suis pas porté au découragement, énonce-t-il, mais avec le recul, je crois bien que sans ces financements, j’aurais probablement fini par lâcher. Nous n’aurions pas assez de terres. Et sans nos propres entrepôts réfrigérés, il aurait été ardu de commercialiser des produits de qualité. Comme entrepreneur, on doit pouvoir faire la différence entre ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas. »

Et l’avenir? « Réduire notre endettement pour améliorer notre capacité de remboursement résiduelle, dit-il. Et si les enfants manifestent de l’intérêt pour se joindre à nous, agrandir pour leur faire de la place. » 

 

Rédaction et photos par André Piette

Une vision d’entreprise familiale : Bâtir une ferme laitière de plus de 300 chèvres
 
Une vision d’entreprise familiale...
Bâtir une ferme laitière de plus de 300 chèvres!
 
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Située à Saint-Lambert-de-Lauzon, Stacy Patry élève un troupeau de chèvres laitières avec sa conjointe, Cindy Vallières. Ils ont signé une entente de location-achat avec le Fonds d'investissement pour la relève agricole (FIRA). Les 80 acres en culture et les bâtiments qui logent leur troupeau sont loués au FIRA, qui en est propriétaire. « C'est grâce à la location-achat que nous avons pu développer notre entreprise », dit Cindy d'un ton catégorique.
 

Une surprise de taille…
Il faut savoir qu'ils avaient commencé par louer la terre à son ancien propriétaire. Contre toute attente, après un an, celui-ci a décidé de la mettre en vente. Malheureusement pour le couple, il était exclu de l'acheter. « On n'aurait pas été à l'aise avec un tel endettement », raconte Stacy. Surtout qu'ils devaient déjà assumer l'emprunt qui leur avait permis au départ d'acquérir un troupeau de 240 têtes et d'adapter les bâtiments à l'élevage de chèvres.

Un plan B ?
Il aurait pu y avoir un plan B : construire une chèvrerie sur le terrain où se trouve leur résidence et acheter les fourrages au lieu de les produire. Mais, un bâtiment neuf aurait entraîné un endettement élevé… sans parler des risques liés à l’achat des fourrages.

La location-Achat : « C'était pour nous la meilleure option et, en fait, peut-être la seule réaliste. »
C'est une voisine qui leur a parlé du FIRA, encore peu connu en 2012. « Le directeur du FIRA, Paul Lecomte, est venu nous rencontrer avec un de ses collègues », raconte Stacy. « Il avait déjà pris connaissance de notre plan d’affaires. Il nous a posé mille et une questions et à la fin de la rencontre, il nous a expliqué comment il envisageait la situation et comment ça pouvait se conclure, c’est-à-dire par une location-achat. »

« Ça a été pour nous un énorme soulagement de se faire dire "Tout est correct, cassez-vous pas la tête" », poursuit-il. « On avait presque de la misère à y croire. On avait déjà eu notre lot de belles paroles et de promesses non tenues ».

Un partenaire qui a dépassé nos attentes !
Exceptionnellement, c'est le FIRA qui s'est chargé de négocier l'achat de la propriété. Cindy et Stacy ont toutefois mis une condition à leur engagement « il ne fallait pas que le loyer dépasse un certain seuil » « Avec un loyer plus élevé, c'aurait été très difficile de rentabiliser l'entreprise ».
Selon les modalités de la formule location-achat, ils ont la possibilité de racheter la ferme dans un délai maximum de 15 ans, après la signature du contrat. (Note du FIRA : cliquer ici pour prendre connaissance des modalités de la formule location-achat.)


Cette année, cinq ans après leur démarrage, ils viennent de commencer à se verser un salaire. C’est une étape importante pour eux. Jusqu'à maintenant, ils comptaient uniquement sur le salaire que retire Cindy d'un emploi à temps partiel comme infirmière auxiliaire et sur la rente de Stacy à titre d'ancien militaire.
Un rachat de la ferme ne figure pas dans leurs plans à court terme. Leur priorité actuelle est plutôt d'accroître leur troupeau pour atteindre 400 têtes, dont 250 chèvres en lactation. « On va grossir autant que nous le permettront nos installations actuelles », indique le détenteur d'un DEP en agriculture. Ils aimeraient également informatiser leur salon de traite pour disposer de données de production plus complètes.
À plus long terme, le couple envisage de faire de la place à la relève. Le plus vieux de leurs quatre enfants, Christopher, 15 ans, manifeste déjà beaucoup d'intérêt pour la production caprine. Il songe à aller étudier à l'ITA de La Pocatière.

Quel bilan font-ils de leur projet d'établissement après cinq ans?
« En ce moment, je ferais plus d'argent en vendant des vis à la quincaillerie qu’en développant un élevage », répond Stacy sur un ton moqueur. Soulignons qu’ils remboursent l’emprunt de départ sur seulement sept ans.
« On savait que ça allait être difficile les premières années. C'est un mode de vie qu'on a choisi.»
Une réalisation sur la bonne voie! Bâtir une entreprise laitière de plus de 300 chèvres avec l’aide du FIRA.

Les Fromages du verger : élevage de brebis laitières

Les Fromages du verger : élevage de brebis laitières
Une entreprise soutenue par le FIRA et La Financière agricole du Québec
(Reportage de l'émission Par-dessus le marché, 8 juin 2012)

Pure horticulture : des horticulteurs passionnés

Pure horticulture : des horticulteurs passionnés
Une entreprise soutenue par le FIRA et La Financière agricole
(Reportage de l'émission Par-dessus le marché, 1er juin 2012)