Les arômes d’une réussite
Une centre jardin. Une entreprise d’aménagement paysager. Une fleuristerie. Une firme de gestion immobilière. Rébéca Rouleau et son associé, Martin Harvey, possèdent un panier d’entreprises bien garni. Ils en ont même créé une cinquième, en 2012, qui se spécialise dans la production et la vente de fines herbes. «Nous voulions nous diversifier encore plus et on avait envie d’aller du côté de l’alimentaire», raconte Rébéca. Leur projet ne manquait pas d’audace. Basée à Saint-Gédéon, au Lac-Saint-Jean, Les Herbes du Lac offre une gamme de produits unique dans la région : des fines herbes produites en culture sub-irriguée et vendues en pot.
Sub-irriguée?... Concurrence oblige, Rébéca préfère se montrer discrète sur cette technologie d’origine européenne. Elle se limite à indiquer que la culture sub-irriguée marie l’hydroponie et la culture sur substrat. «L’intérêt de cette technologie, souligne-t-elle, c’est qu’elle produit des plants qui possèdent une longévité supérieure.»
Grâce à cet atout et en l’absence de produits comparables dans la région, les ventes des Herbes du Lac ont décollé en flèche. Si bien que l’entreprise écoule maintenant 65 000 plants par année. «C’est fou comme on a été bien accueillis», se réjouit la détentrice d’une formation en économie et gestion agroalimentaire de l’Université Laval.
Le basilic accapare à lui seul 70 % des 6 000 pieds carrés de serre des Herbes du Lac. La portion restante se partage entre diverses herbes fines comme le thym, la coriandre, la menthe et le romarin. «La demande est axée fortement sur le basilic, commente la promotrice, ajoutant que les volumes de production sont constamment ajustés à la demande.» La serre demeure en production dix mois par année. «On arrête au cœur de l’hiver parce que le basilic n’aime pas le froid, explique-t-elle. En outre, la demande pour les produits de ce type diminue pendant cette période-là.»
On ne rendrait pas justice à ces entrepreneurs si l’on attribuait leur succès seulement à leur technologie. Logos, emballages, promotion : chaque aspect de la mise sur pied de l’entreprise a été préparé avec soin. «On avait très bien planifié le projet et tout s’est emboîté, rapporte Rébéca. Incluant l’étape cruciale de l’entrée des fines herbes dans les grandes surfaces de la région. Celle-ci a été facilitée par le fait que notre centre jardin y était déjà listé. Ils nous connaissaient bien et nous bénéficions de leur confiance.»
L’implication du FIRA dans ce projet a pris la forme d’un prêt de mise de fonds. «Aux yeux de La Financière agricole, le niveau de risque du projet était assez élevé, perçoit Rébéca. Cela peut se comprendre : on est dans dans la production en serre, un domaine traditionnellement assez risqué. De plus, on lançait une nouvelle gamme de produits en misant sur une nouvelle technologie. L’implication du FIRA dans le projet a permis à La Financière d’abaisser son niveau de risque.»
Le marché des Herbes du Lac déborde maintenant du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Profitant de la disponibilité de transporteurs, ses propriétaires l’ont élargi à la région de Charlevoix de même qu’à La Tuque, Chibougamau et même Québec. «L’entreprise a franchi le cap de la rentabilité très rapidement», affirme Rébéca, qui croit qu’elle pourrait probablement continuer de prendre de l’expansion. Mais ce n’est pas nécessairement la direction que prendront les deux associés. La productrice souhaite maintenir un certain équilibre de vie. «J’aimerais pouvoir prendre huit semaines de vacances par année afin d’assouvir ma passion du voyage, exprime-t-elle. Je recueille beaucoup d’idées quand je voyage.»
Les priorités de l’entreprise au cours des prochaines années se détermineront l’automne prochain. Les deux associés projettent en effet d’y renouveler leur planification stratégique. «On aime se donner un cadre de fonctionnement», indique Rébéca.
Par André Piette
* L’auteur est journaliste indépendant.